TSURU, PRINCESSE DES MERS

TSURU, PRINCESSE DES MERS
Par Hideki Mori
Éditions Akata/Delcourt
Publication japonaise: Shogakukan Inc., Tokyo (2000)
Édition française en 3 tomes (édition terminée)
Sens de lecture japonais
13,95$

 

Histoire ::

Fin de l'ère Muromachi, aux alentours de 1543. Tsuru est la princesse de l'île de Mishima (à l'époque où le Japon n'était pas unifié), donc la soeur du vénéré "empereur" Yasumochi Ôhouri [***]. Jeune femme libre, élevée comme un garçon, elle est fascinée par la mer. La flotte de Muromachi est déjà une des plus importantes de l'archipel que nous connaissons maintenant comme étant le Japon, mais selon Tsuru, qui a vu un navire européen, la flotte est ridicule comparée à ce qu'on fait «de l'autre côté de la mer». Tsuru va donc chercher à développer de nouvelles techniques de navigation pour pouvoir protéger son île, de plus en plus vulnérable.

[***]Voir note en bas.

 

Critique ::

Tsuru est un personnage historique dont nous avons malheureusement sauvegardé très peu d'information. Toutefois, une preuve irréfutable de son existence se retrouve au temple shinto Yamazumi, où son armure, la seule armure féminine que l'on a retrouvée au Japon, peut être admirée par les visiteurs. Parenthèse terminée. Vu le très peu d'information que l'on a sur elle, vous aurez deviné que le manga est une histoire romancée.

La lecture de Tsuru, princesse des mers se fait bien: les dessins sont très beaux, l'histoire est fluide, la narration est claire; on ne se perd pas dans les détails historiques. Des notes en fin de volume nous aident aussi à la compréhension de certains passages. L'histoire est vraiment intéressante, surtout pour comprendre le mode de vie des Japonais à une époque pour laquelle nos livres d'histoire ne parlent que de l'Europe. C'est un livre sur fond historique qui ne se contente pas de nous placer dans un contexte historique: il nous le fait vivre. La vie des habitants de l'île est complètement dépendante de la grande histoire de l'archipel japonais.

Les dessins sont parmi les mieux faits que j'aie vu. Ils sont d'un style réaliste, semblable à celui de Hiroaki Samura (L'Habitant de l'Infini). Les personnages sont très expressifs, tout en gardant un aspect esthétique qui gêne parfois la compréhension de certains liens entre eux. Autre point problématique (selon moi) est l'utilisation fréquente d'images un peu osées sans raison (comprendre: fan service). On se retrouve très souvent avec des angles de vue qui mettent très en évidence certaines parties du corps de Tsuru, et cela totalement gratuitement. On aurait pu se contenter des quelques scènes bien intégrées où l'on souligne la sensualité naïve de la princesse, malheureusement on retrouve souvent dans notre lecture des images déplacées.

Les personnages sont attachants, ce ne sont pas des coquilles vides. La curiosité et la finesse de Tsuru la rendent rapidement sympathique à nos yeux. Les autres personnages prennent leur importance à travers le récit et sont tout aussi crédibles et vifs que notre héroïne. Tsuru est une femme libérée, maîtresse de son destin, consciente, ce qui la rend beaucoup plus intéressante que les petites idiotes stéréotypées que les mangas représentent malheureusement assez souvent.

L'adaptation française est impeccable et mérite d'être soulignée. Comme c'est toujours le cas avec Delcourt, l'adaptation ne s'arrête pas à une seule traduction: les termes, les éléments d'histoire sont expliqués, clairement non pas en bas de page (ce qui souvent alourdi la lecture) mais en fin de volume, ce qui laisse la liberté de mettre beaucoup d'info. On a réellement l'impression d'être face à une oeuvre et non pas à un objet de marketing (comme pour les mangas de Glénat, qui sont souvent traduit de l'anglais et torchons). Les couvertures françaises sont très sobres et un peu plates à regarder, cependant elles sont très semblables aux couvertures japonaises, donc on ne s'en plaindra pas à Delcourt.

Une lecture intéressante, qui nous donne l'impression d'en apprendre pas mal plus sur le Japon que l'information qui nous parvient normalement. Agréable, sans toutefois être le plus grand des chef-d'oeuvre. C'est court, aussi (trois tomes), pour les lecteurs tannés de vider leur porte-monnaie sur une seule série.

[***]= Je ne sais pas très bien si «empereur» est réellement l'équivalent de son titre, en français. De plus, j'ai cru comprendre que lorsque l'on parle de gens très très importants, leur nom de famille va avant le prénom. J'ai tout de même écrit comme à mon habitude le prénom avant le nom (donc Ôhouri est le nom de la famille royale).

Commentaires::

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