COQ DE COMBAT, volumes 2 à 4
COQ DE COMBAT, volumes 2 à 4
de Izo Hashimoto et Akio Tanaka
Édition Akata Delcourt (seinen / pour public averti)
Publication japonaise: Futabasha
Édition française: 11 volumes parus (sur 19 parus au Japon)
Sens de lecture japonais
12.95$
Il ne s'agit pas ici de faire une critique complète des trois tomes en question, puisque j'ai déjà dit beaucoup de choses sur la façon de faire du mangaka lorsque j'ai écrit ma critique du premier tome, déjà disponible là. C'est plutôt un désir de rectification suite à ma lecture des trois tomes suivants qui se sont prouvés, contrairement à mes attentes, pas mal décevants. Je n'ai lu la série qu'en son cinquième (puisqu'il y a 19 tomes) et donc ne peut juger de son ensemble, mais la direction prise en son début est définitivement bien changée. Avec tout cela je veux quand même dire qu'il ne faut pas se priver de lire le premier tome, qui est tout à fait excellent.
Histoire ::
Ryo, approchant maintenant la date de sa sortie de l'institution, devra prouver aux autres avant son départ qu'il a bel et bien changé... Bagarre après bagarre, il se prouve le plus fort. Libéré, il se retrouve dans la rue, d'abord prostitué, puis véritable «coq de combat», bagarreur fou à la violence indomptable. À la recherche de sa soeur, ce sera enfin une station de télévision qui se mettra à le traquer, interessée par le potentiel de ce karatéka de la rue pour des tournois «en règle».
Critique ::
Déjà en commençant, le volume deux se gâte par rapport au premier: ce qui était dans le premier tome silences et psychologie disparaît au profit de combats qui se suivent sans trop d'intérêt (on comprend facilement que Ryo est devenu très violent, pas besoin d'en faire pour 200 pages) en plus d'être longs et parfois vachement exagérés. Enfin, on voit très bien à quel point le Ryo «presque mort» du début de la série a évolué en une bête cruelle que l'on nous montre assez dérangée mentalement par les deux années d'enfermement. À la fin du livre il quitte la «prison», et l'on comprend que son seul but est de retrouver sa soeur qu'il s'était promis de sauver.
Mais je crois que c'est vraiment au troisième tome que les dommages deviennent irréversibles... Il devient franchement difficile de suivre la psychologie de Ryo, qui semble être réduit à un légume presque sans sentiments, à une machine de combat sans moralité. Difficile à croire ce que l'auteur veut nous faire croire: pourquoi Ryo veut-il encore protéger sa soeur, alors qu'il est lui-même rendu l'égal aux gens dont il veut la protéger?
Inutile de continuer à raconter les grosses anecdotes, je laisse à ceux qui veulent découvrir la série le soin de le faire. Il est cependant clair que la qualité est loin d'être celle du premier tome. Les intentions de l'auteur se sont elles aussi embrouillées: alors que dans le premier tome il posait beaucoup de questions, restant loin du personnage à la fois, dans les tomes suivant la moralité non pas du personnage mais de la série devient questionnable: le mangaka ne pose aucun jugement sur son personnage, sur les actions qu'il pose, ce qui peut devenir très choquant (entre autre la misogynie extrême du personnage). On n'est plus du tout sûr de où on va, et franchement, dans le tome 4, tout semble devenir une vraie blague tellement c'est «trop». D'une subtilité dérangeante dans le premier tome, on a déboulé l'escalier vers une série qui finalement ne semble plus poser que des thèmes très «faciles» et au goût du jour (du genre: «les méchants médias sans ethique», etc.).
Un manga coup de coeur de mon été 2004 (je n'avais lu que le premier tome), donc, qui évolue de façon douteuse. Décevant... très décevant. Je crois cependant que je vais poursuivre ma lecture en esperant que l'auteur saura retrouver le sentier qu'il avait commencé à explorer au début. Premier tome conseillé à tous (ou presque: lisez quand même ma mise en garde dans la critique du tome un), les autres ne sont conseillés qu'aux gens qui n'ont pas peur d'être déçus.
NB: À chaque fin de volume pour COQ DE COMBAT, il est devenu coutume pour l'éditeur de publier une note défendant la publication de ce titre somme toute pas très facile. Bien que la série ait bien été reçue au Japon (c'est pour cela qu'elle est beaucoup plus longue que prévu: pourrait-ce expliquer la baisse de qualité?), elle reste peu simple pour le lectorat français. Je trouve personnellement ces notes très intéressantes à lire. À ce qu'il paraisse, celle du tome 3 aurait même causé des débats et des frustrations, obligeant [encore!] une explication-excuse dans le tome quatre. Ça se dispute, chez AKATA/DELCOURT!.
Commentaires::